Dépèche Reuters — Paris, le 23 juil 2010 à 13h52
Des élus de tous bords politiques protestent contre les sanctions financières qui punissent désormais les députés français coupables d’absentéisme.
Le nouveau règlement de l’Assemblée nationale prévoit que les élus absents plus de deux fois par mois en commission soient sanctionnés à hauteur de 350 euros.
Pour le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis, « tout ceci est ridicule » et « vise à encadrer et à réduire les parlementaires à une position de jeunes écoliers dans leur classe ».
Pour l’élu de Paris, « on peut être présent dans l’hémicycle, être présent en commission et ne strictement rien faire, et strictement ne pas peser dans le débat politique ».
« Quand on est présent à l’Assemblée nationale, on nous dit ‘qu’est-ce que vous faites pour votre circonscription, vous n’êtes pas dans votre circonscription’. Quand vous êtes dans votre circonscription, on vous dit ‘Vous n’êtes pas à l’Assemblée nationale' », a ajouté Jean-Christophe Cambadélis sur LCI.
Le collectif « Regards citoyens » a publié mercredi une étude selon laquelle 93 députés seraient passibles de sanctions pour absentéisme répété lors des travaux en commission.
Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a protesté contre la publication de cette liste.
Le député UMP Yves Jégo lui fait écho vendredi dans Le Figaro. « Dans la liste jetée en pâture des 93 ‘mauvais députés’, il serait utile de distinguer ceux qui ont ‘fait l’école buissonnière’ de ceux qui avaient de vraies raisons d’être là », dit-il.
« Dans le climat de populisme actuel, il est impérieux de redonner à la politique ses lettres de noblesse en sanctionnant ceux qui ne respectent pas leurs électeurs sans pour autant jeter l’opprobre sur tous les élus qui se donnent, sans compter leur temps, au service des Français », estime Yves Jégo.
Le député UMP Jérôme Bignon, dont le nom figure sur la liste, se dit indigné par ce qu’il considère comme une « règle imbécile » qui le fait « grimper aux rideaux ».
« Je n’ai évidemment rien contre le fait que les parlementaires soient incités à travailler mais là, on donne de fausse indication à l’électorat », a-t-il dit à Reuters.
« Un type qui travaille jour et nuit dans le cadre du mandat et qui rate dans la matinée une commission qui n’a aucun intérêt ni pour lui ni pour sa circonscription, on va le sanctionner à cause de ça », a-t-il souligné. « C’est l’exemple type de la règle imbécile ».